[INTERVIEW] La RSE, c’est redonner du sens à l’entreprise face aux bouleversements sociétaux que nous traversons

Le Tour des Régions 2023 de PLANETE CSCA s’est achevé mi-juillet après 8 dates dans 8 villes de France. La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) des courtiers était l’une des thématiques à l’agenda du Tour de cette année. Assurance for good est allée à la rencontre de Christophe Hautbourg, directeur général de PLANETE CSCA, pour recueillir sa vision sur l’enjeu de la RSE pour ses adhérents et sur le rôle de l’organisation qu’il dirige face aux nouveaux défis sociaux et environnementaux.

1/ Pourquoi avez-vous décidé d’intégrer une table-ronde sur le thème de la RSE au Tour des régions 2023 ?

En préambule, il faut rappeler que Planète CSCA a souhaité intégrer, dans le mandat de la nouvelle gouvernance qui a débuté en juin 2022, la RSE comme l’une de ses priorités stratégiques, à la fois pour l’organisation professionnelle en tant que telle et pour nos adhérents.

Pour ce faire, nous avons noué un partenariat avec la plateforme ZEI pour permettre à nos adhérents d’avoir un outil de diagnostic de leur impact environnemental, social et de gouvernance, et de se fixer des objectifs pour progresser. C’était pour nous le bon point d’entrée pour initier l’accompagnement de nos courtiers sur un sujet qui peut paraitre lointain ou difficile à appréhender au quotidien.

Dans ce contexte, nous nous sommes dit que le Tour des régions était une bonne occasion pour mettre la lumière sur ce nouveau service et profiter de l’occasion pour faire toute la pédagogie qui va avec, expliquer les enjeux, les objectifs et les modalités qui permettent de faire de la RSE au quotidien.

C’est pour cela que nous avons appelé la Table ronde « Faire de la RSE comme Monsieur Jourdain » car de la RSE nous en faisons tous un petit peu sans forcément la mettre en valeur. Ce Tour des régions nous a permis à la fois de valoriser le nouveau service vis-à-vis de nos adhérents, et, au-delà de l’outil, de parler de la RSE avec des experts comme Assurance for good pour apporter un éclairage de spécialistes du sujet. Nous avons montré que beaucoup de courtiers font déjà de la RSE mais que pour que les actions engagées soient plus impactantes et plus visibles, il faut structurer et professionnaliser la démarche.

Surtout, nous avons démontré que s’engager dans la RSE est devenu un incontournable. Sur le Tour des Régions, nous avons eu des témoignages de courtiers questionnés par leurs clients sur les actions RSE mises en place. La RSE est un critère différenciant dans le choix d’un courtier qui va s’accélérer. Il se pourrait d’ailleurs que dans un futur proche, il y ait dans le cadre des 15 heures de formation annuelles des courtiers imposées par la DDA, un quota d’heures obligatoire sur des sujets en lien avec la durabilité. PLANETE CSCA réfléchit à une proposition de formation à destination de ses adhérents pour anticiper cette obligation.

2/ Comment avez-vous perçu la réaction des courtiers sur le sujet de la RSE, que ce soit pendant le Tour ou a posteriori ?

Les réactions ont été différentes dans chacune des 8 villes correspondant à nos 8 collèges régionaux en métropole, avec une maturité des adhérents hétérogène.

Au-delà de ce constat qui m’a frappé, les participants, dans chacune des régions, se sont montrés très intéressés par le sujet. Les retours sont extrêmement positifs à la fois sur la découverte de l’outil ZEI, jugé pertinent par les courtiers car simple d’utilisation et adapté à l’activité, et sur les débats avec Assurance for good et CFDP, nos deux intervenants experts à la table ronde sur la RSE. Les échanges ont donné une ouverture sur le sujet. Ils ont montré que la RSE concerne tout le monde et que le secteur de l’assurance et le courtage en particulier doivent s’y mettre.

Un dernier élément à souligner, tout aussi positif, sur la thématique « Faire de la RSE comme Monsieur Jourdain ». Beaucoup de cabinets ont déjà développé des actions qui entreraient dans un bilan d’impact social ou environnemental. Notre objectif est d’assurer une montée
en puissance et de convaincre de la nécessité de structurer les démarches pour les valoriser, aussi bien auprès des collaborateurs que des clients et des assureurs.

3/ Comment comptez-vous accompagner les courtiers dans la structuration de leur démarche RSE et le suivi de leurs indicateurs ?

La priorité, à laquelle nous répondons avec Zei, est d’embarquer le maximum de courtiers dans la réalisation d’un diagnostic de leurs pratiques RSE. Malgré un démarrage plutôt favorable, il reste encore des efforts de communication pour engager le plus grand nombre de courtiers dans la démarche et atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés.

Cette étape franchie, nous accompagnerons les courtiers dans le suivi et le pilotage de leurs indicateurs RSE. Il est probable que l’accompagnement varie en fonction de la taille des cabinets. Pour les plus gros cabinets, peut-être référencerons-nous des structures expertes comme Assurance for good qui soient capables de proposer du conseil et de l’accompagnement. L’objectif est que la RSE soit vécue comme un accélérateur de business et de compétitivité sur le marché.

4/ A plusieurs reprises, Bertrand de Surmont, Président de PLANETE CSCA, a déclaré qu’il pensait que d’ici 2 à 3 ans, les conventions de courtage intègreraient systématiquement des exigences en lien avec la RSE. Partagez-vous cette vision ?

Nous sommes convaincus que les courtiers doivent s’inscrire dans une démarche RSE car leur ADN les place au cœur des enjeux sociétaux. Les courtiers doivent se positionner comme des acteurs responsables à 3 niveaux. Tout d’abord, comme employeur responsable et ainsi refléter la diversité de la société, promouvoir la parité, la diversité des talents, assurer les montées en compétences. Deuxième niveau, dans leurs relations avec leurs clients en exerçant un conseil durable et responsable, en se conformant à un comportement éthique dans la conduite des activités, en étant transparent, en fournissant des informations claires et précises, en fléchant le client vers des offres responsables. Enfin, troisième niveau, en étant des acteurs engagés dans la cité, en s’appropriant les sujets sociétaux et en s’engageant dans des actions impactantes pour la durabilité de la cité, individuellement ou collectivement.

Toutes ces conditions réunies permettront aux courtiers de répondre aux nouvelles exigences des partenaires assureurs qui, de plus en plus demanderont aux courtiers des informations sur leur impact environnemental, leur stratégie d’achats, etc. Les assureurs vont dès 2024 devoir répondre aux nouvelles exigences de reporting de la directive européenne CSRD. Par effet de ruissellement, les exigences RSE induites par la CSRD impacteront les partenaires distributeurs. On voit la tendance arriver, autant l’anticiper plutôt que de la subir au dernier moment.

5/ Quels sont vos prochains jalons en lien avec la RSE ?

Dans la continuité du Tour des Régions, la Nouvelle revue du courtage du mois de septembre est un numéro spécial sur la RSE que nous publions pour les Journées du courtage. Des modules de formation RSE vont être intégrés à notre plateforme digitale.

En termes d’évènements, le petit déjeuner de rentrée du collège Île-de-France a réuni une trentaine d’adhérents autour du sujet de la RSE et des sociétés à mission. Un nouveau webinaire de présentation de l’outil ZEI est prévu le 21/09 pour mettre de l’énergie dans ce projet. Il s’agit pour nous d’une démarche nécessitant efforts d’explication et de pédagogie qui s’inscrit dans la durée.

La RSE est un enjeu essentiel pour PLANETE CSCA en tant que syndicat professionnel. C’est notre responsabilité de démontrer aux pouvoirs publics et à l’ensemble des parties prenantes que nous sommes une profession qui prend en compte les enjeux sociétaux, les évolutions environnementales et que nous les intégrons dans notre stratégie de développement. Il est important pour nous de communiquer positivement sur des actions concrètes et peut être à terme publier un rapport RSE avec nos indicateurs et expliquer notre propre trajectoire d’amélioration.

Interview réalisée par Valérie Loizillon
Cofondatrice Assurance for good
vloizillon@assuranceforgood.fr